samedi 8 mars 2014

Kaikoura, part II : La rencontre avec les dauphins

Le lendemain, notre petit déjeuner rapidement ingurgité, nous nous rendons au quartier général du Dolphin Encounter Kaikoura, où une réceptionniste nous tend deux jetons bleus, bons pour un équipement de plongée. On commence à s’autoriser de se réjouir : « Ouiiiii, on va avoir une combinaison de plongéééée ! »

Un petit groupe de co-plongeurs enthousiastes s’amasse rapidement autour de deux membres du personnel, qui nous donnent le matériel adapté à nos mensurations : palmes, masques (miracle, il en existe avec correction visuelle, j’y verrai quelque chose !), tuba, combinaisons. Un petit tour au vestiaire plus tard, nous sommes parés à affronter l’océan, d’agitation apparemment modérée. Mais avant cela, un petit film s’impose, lequel commence par une présentation de la société qui aura notre vie entre ses mains dans quelques instants et  nous délivre ensuite les directives d’usage : qu’attendre de cette expérience, comment se comporter avec les dauphins, quelles sont les règles de sécurité, que faire et ne pas faire, images (souvent drôles) à l’appui.

- Chouette, une nouvelle arrivée de jouets !
- Tu  crois qu’ils seront plus marrants que ceux du matin ?
- Ils ont l’air, regarde celui-ci ! Je vais tourner autour pour 
 voir jusqu’à quelle vitesse il peut me suivre. Hihi, pas mal du tout !
- Attends, on va essayer de les faire plonger !
- Oh ouais bonne idée, ils semblent avoir la condition physique pour !
Ces formalités derrière nous, nous empruntons un bus pour parcourir les cinq kilomètres qui nous séparent du bateau avec lequel nous allons rejoindre l’océan : « Ouiiiiiii, on va faire un tour en bateau ! » Celui-ci est petit et la mer pas si calme, quelques personnes à l’estomac fragile doivent se soumettre aux joies du mal de mer ; heureusement, nous sommes tous les deux épargnés. Il nous faut une quinzaine de minutes avant d’atteindre la pleine mer, là où le sol océanique s’enfonce subitement en un ravin assez profond pour que les lagénorhynques obscurs y soient à l’aise et trouvent une nourriture abondante. Les cachalots au drôle nom de « spermwhale » aussi, d’ailleurs.

Soudain, nous repérons une nageoire au loin, signe qu’un groupe de dauphins est proche. Le moment tant attendu est enfin arrivé ! Pendant que le bateau manœuvre vers les lagénorhynques,  nous mettons en place masque et tuba et, cinq minutes plus tard, c’est parti, nous glissons dans l’eau froide de l’océan Pacifique et pouvons remplir notre rôle d’amuse-dauphins.

Il y a une dizaine de dauphins, ils viennent tout près, à quelques centimètres, tournent autour des plongeurs, les frôlent sans les toucher. Ils sont tout autour de nous ! Mettre sa tête sous l’eau et voir ces mammifères marins plonger, remonter, jauger les plongeurs, interagir avec ceux qu’ils estiment dignes de leur intérêt, est vraiment quelque chose à vivre une fois dans sa vie. On oublie vite le froid de l’océan, les quelques tasses salées avalées par inadvertance, les vagues parfois assez impressionnantes, pour profiter à fond du spectacle. La vidéo de briefing nous a montré deux façons de se comporter en bon dauphin : plonger sous l’eau et faire des bruits delphinidoïdes avec son tuba. Je ne sais pas dans quelle mesure ces techniques sont efficaces, mais le fait est que les dauphins avaient l’air de bien s’amuser avec nous ! Après 35 minutes, déjà temps de rentrer ! Une expérience époustouflante que nous n’oublierons pas de sitôt !

Nos accompagnateurs n'avaient encore
jamais vu autant de dauphins d'Hector
à la fois
.
Mais les réjouissances ne s’arrêtent pas là, car maintenant, pour la séance photo, nous nous dirigeons vers d’autres delphinidés et surprise ! ce sont des dauphins d’Hector qui arrivent ! Un groupe de cette taille est apparemment assez rare à Kaikoura ; il semblerait que nous soyons particulièrement chanceux aujourd’hui ! Nous les avons ensuite laissés vaquer à leurs occupations pour rejoindre d’autres « dusky dolphins », le nom plus simple en anglais des lagénorhynques obscurs. Ceux-ci avaient décidé de faire la course avec le bateau. L’un d’entre eux a même décidé de s’éloigner un peu pour nous montrer un saut spectaculaire. Je n’ai jamais vu l’appareil photo de Laëtitia mitrailler autant ! Et vous auriez dû voir le visage émerveillé de l’intéressée : un rêve qui se réalise ! Nous apercevons même une otarie qui a décidé d’avoir sa minute de gloire elle aussi, se faufiler parmi le groupe de dauphins. Et un albatros sur le chemin du retour.

L’excursion aura duré en tout 4 heures, briefing compris. Il est temps de rentrer, non sans profiter de quelques biscuits et d’un chocolat chaud pas trop adapté aux estomacs déjà lourdement retournés par le tangage du bateau. Après nous être rhabillés, nous profitons encore de la vue spectaculaire de Kaikoura et du magnifique soleil, pour ensuite reprendre la route vers Christchurch.

* Une autre voix *

Les lagénorhynques sont des
animaux très joueurs.
Tout le monde n’a pourtant pas vécu la partie « plongée » de la même façon. Signal sonore, on doit y aller : sans réfléchir, sans hésiter, je me jette à l’eau (littéralement et au figuré, vous l’aurez compris) après Thomas pendant que d’autres personnes attendent leur tour. Immédiatement, je me suis souvenue du signal de détresse et ai demandé à remonter. J’ai été saisie par l’eau froide (on ne le sentait pourtant pas tant), ai eu du mal à respirer et ai perdu la planche flottante qu’on m’avait prêtée et qu’il a fallu repêcher. Elle avait prévenu que la respiration pouvait être difficile à l’entrée dans l’eau, mais quand même.

Deuxième essai, on prend une bouée en mousse pour, cette fois, ne pas la perdre, et on retourne dans l’eau plus progressivement. La bouée n’a absolument rien changé, la combinaison étant déjà hyper flottante, mais psychologiquement, ça aide un peu. Cette fois, j'y reste une dizaine de minutes. Difficile de respirer, c’est comme si la pression de l’eau, même en surface, comprimait mes poumons. Je vois les nageoires dorsales des dauphins qui passent près des autres nageurs et je voudrais me rapprocher, mais c’est comme si j’utilisais toute mon énergie sans avoir l’impression d’avancer. L’absence de repères fixes accentuent certainement cette impression, tout se ballotant au gré des vagues, y compris le bateau. De temps en temps, je mets ma tête dans l’eau et scrute pendant quelques petites secondes la sous-surface de l’eau en oubliant de respirer par le tuba parce que ce n’est pas confortable du tout. Ainsi, j’ai vu une fois, comme un flash, deux dauphins plonger, à peut-être cinq ou six mètres de moi. Finalement, je me suis aperçue que regardais plus les dauphins par le dessus que sous l’eau, tout en déployant des efforts surhumains pour respirer et essayer de me déplacer un peu. J’ai donc demandé à remonter sur le bateau pour mieux en profiter.

Bref, pour ceux qui me connaissent et savent que j’ai toujours eu peur de l’eau, sachez que je suis fière d’avoir essayé sans me poser de questions et sans avoir peur, même si j’ai fini par abandonner par épuisement. Ah, si mon professeur de gym de primaire lisait ça !

Suivez Flickr le dauphins pour voir
les photos de leur show !


Et en bonus rien que pour vous, un petit montage vidéo d'une dizaine de minutes. Soyez bien attentif aux exclamations de joie de Laëtitia, je parie que vous ne l'avez encore jamais vue dans un tel état de béatitude!

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